"Le fort de la sommité"

 


Coupe du fort Liédot

 

L'empereur, est célèbre pour ses colères. Et, c'est lors de l'une de ses visites pour le suivi des travaux, en 1808, qu'il constate l'état de chantier de l'île. Les travaux des fort Boyard et Enet sont en retard, et mettent en péril la protection de la passe de Rochefort. Il prend alors la décision de faire établir un fort "indestructible et imprenable", sur le point culminant de l'île, permettant une vue circulaire totale (à cette époque).

Les travaux d'étude, débutent en 1808 (l'empereur lui même, effectue les premières esquisses).

En 1810, l'orientation du fort est adopté, et en 1811 les travaux de fondations commencent avec difficulté, du fait de la qualité du sol (glaise). Tous les travaux ne seront complètement achevés qu'en 1860, bien que celui-ci soit admis au service en 1832.


Le fort est un carré bastionné, surmonté d'un chemin de ronde. Il est entièrement voûté, et à l'épreuve des bombes. Il est pour cela protégé efficacement par un remblais très épais de terre, et recouvert d'un glacis d'herbe.


Ces caractéristiques sont dues au caractère défensif du fort, qui devait pouvoir accueillir la population de l'île d'Aix.

Toutefois, le fort est loin d'avoir les dimensions qui lui étaient destinées au départ. La partie visible actuellement, ne représente que l'intérieur du projet initial, dont on peut aprécier le gigantisme sur la carte suivante :


Mais, l'utilité militaire du fort est vite mise à sac, en raison des manques de crédits, et des améliorations stratégiques militaires. L'avenir du fort est donc réorienté. il est aussi rebaptisé en fort "liédot", du nom d'un colonel mort pendant la campagne de Russie.

Le fort est donc utilisé en 1854 comme prison pour plus de 1000 soldats russes, accompagnés de 25 femmes et enfants, qui séjournent 11 mois sur l'île. A la suite de quoi, le fort est laissé à l'abandon.

De 1863 à 1864, il est bombardé copieusement pour des exercices de tirs qui sont surveillés du haut d'une tour métallique située en forêt, que les Aixois nomment "tour Eiffel". Ces tirs ont alors pour but de tester "grandeur nature", la résistance des fortifications bastionnées (c'est le même cas pour le fort Enet). Le fort est très endommagé, mais les casemates résistent bien.

De 1871 à 1872, le fort est de nouveau utilisé comme prison pour plus de 700 communards qui attendent leur déportation pour la nouvelle-calédonie.

En 1878, la restauration du fort est entreprise, et achevée deux années après.

Le devenir militaire du fort revient au premier plan. Il est remis en état, et reprend du service actif vers 1880.

La "grande guerre" arrive, et le destin du fort se tourne encore vers un lieu de détention.

Entre les deux guerres, le fort perd toutes ses fonctions militaires, la gestion du fort est confiée par l'armée à des oeuvres sociales. Le fort devient lieu de villégiature pour colonies de vacances. Ce sont sans doute les plus belles années du fort.

 

Du 7 mars 1959 à mai 1961, le fort Liédot, et la moitié de l'île deviennent encore une fois une prison. Y sont enfermés Amhed Ben Bella et ses compagnons.


A cette occasion, l'état français fait installer des planchers, du chauffage, et restaurer toutes les fortifications, pour accueillir ce prisonnier , "dans des conditions honorables".

 En 1989, le ministère des armées donne au conservatoire du littoral le fort. La gestion est confiée à la commune de l'île d'Aix.

On espère toujours une nouvelle renaissance depuis les années 1990, sous la volonté de plusieurs personnes. Les projets fusent, musée, colonie de vacances, salle de spectacle...

Les abords sont toutefois défrichés, et les visites rendues possibles en été.